En mars 1991, les trois clubs de football de Dudelange, Alliance, Stade et US Diddeleng, fusionnaient et devenaient le F91, mettant ainsi fin à une rivalité qui opposait des équipes de quartiers depuis des décennies. Comme dans de nombreux pays européens, le football luxembourgeois est né avec l’industrialisation ainsi que l’urbanisation et l’immigration qui s’ensuivirent. Les clubs ont joué un rôle majeur au niveau de la cohésion sociale et de l’identification locale. L’historien et auteur Lucien Blau a traité le volet social du football de sa ville et relaté, dans le cadre du cycle de conférences « Histoires de Dudelange », des faits intéressants et anecdotiques autour d’un siècle d’histoire de football local.
L’entreprise sidérurgique Arbed était non seulement propriétaire du lieu de travail et de la maison dans la colonie de travailleurs, mais aussi de la plupart des terrains de football où les équipes, depuis 1912, couraient après le ballon rond. La majorité des joueurs, parmi eux de nombreux étrangers, étaient des travailleurs et employés de l’Arbed. Parmi les supporteurs non payants de l’Alliance, il y avait toujours les travailleurs qui, chaque dimanche, suivaient le match au stade Amadeo Barozzi à travers les trappes de la salle d’agglomération avoisinante. On reconnaissait leurs casques jaunes et bleus de la tribune du stade, située en face. Durant les années 1960, l’Alliance était toujours composée en grande partie de joueurs travaillant à l’Arbed. Ces garçons avaient grandi au quartier italien, vivaient presque tous dans la même rue et leur nom se terminait généralement en i. L’équipe battit l’Union Lëtzebuerg dans la finale de la coupe de Luxembourg en 1961 et 1962, écrivant ainsi une page de l’histoire du foot de Dudelange. Malgré un niveau de jeu élevé, elle loupa à plusieurs reprises le titre de champion national. De très peu, ceci dit. L’US Diddeleng, quant à elle, évoluait au stade Jos Nosbaum, situé dans le quartier « Schmelz ». L’Union Sportive était l’équipe du prolétariat luxembourgeois de l’Arbed. Contrairement au deux autres clubs, Stade était une équipe marquée par des dirigeants et ingénieurs de l’Arbed.
De la rue au club
Au début du 20e siècle, la croissance dynamique a fait apparaître les « clubs de rues » dans les villes industrielles. A Dudelange, dont la population a doublé au cours de la période 1890-1910, ceux-ci s’appelaient Gallia, le club du centre et du quartier Arbed Brill, Jeunesse de la Frontière, le club des « Schlakemiller », Etoile Rouge, réunissant des garçons de Gaffelt, Tattenberg et Petite Italie, Minerva, le club du haut de la rue de la digue jusqu’au quartier usine, ainsi que le Sporting, fondé dans la rue du ruisseau (« Muselgaas ») par les jeunes du bas de la rue de la digue. Plus tard s’y ajoutèrent le Football-club du Mont St. Jean, la Fineta, club de foot des gymnastes, ainsi que Flora, l’association des « Lachergaasser » (rue de Zouftgen). Au fil des ans, les clubs de rues se sont développés. En 1912, les membres de Jeunesse de la Frontière et Minerva fondèrent l’Union Sportive Dudelange, dont le terrain de jeu était situé au « Ginzebierg ». En 1930, l’équipe s’installa dans le « Stade Municipal » près de l’école de Deich. Le stade fut rebaptisé « Stade Jos Nosbaum » en 1955. Le Gallia eut une courte vie. Il devint le Sparta, premier club de Dudelange à être inscrit à la Fédération Luxembourgeoise de Football. Ce fut la seule des huit équipes de Dudelange à participer au premier championnat national (1909-10), dans la plus haute division.
En 1913, Sparta devint Cercle des Sports Le Stade, dont le premier terrain de football se trouvait au « Pullewee ». En 1919, l’équipe disputa son premier match sur le nouveau terrain « Goergen » (là où se trouve aujourd’hui la piscine municipale). En 1916, succédant à l’Etoile Rouge, le Cercle Sportif Alliance fut fondé dans le quartier Petite Italie. Son premier terrain, mis à disposition par l’Arbed, était situé au « Kolschebierg ». Comme l’entreprise y démarra l’extraction du minerai de fer en 1933, l’équipe s’installa à « Langoicht ». En 1947, même scénario : l’équipe investit un autre terrain Arbed, situé cette fois dans le quartier Italie et entouré par le « Laangebiergbësch » ainsi que l’entrée de la mine. En 1951, un nouveau terrain fut inauguré et rebaptisé plus tard « Stade Amadeo Barozzi ». Jusqu’en 1991, les trois équipes de Dudelange ont connu une riche histoire, avec de nombreux hauts et bas. L’équipe qui connut le plus de réussite fut clairement le Stade, avec ses dix titres de champion national et ses cinq coupes de Luxembourg. Avant la guerre, L’USD dut se contenter de plusieurs deuxièmes places en première division. Alors que chacune des trois équipes avait, à différents moments, évolué dans la division supérieure, les années 1980 amenèrent, parallèlement au déclin de la sidérurgie, celui du football. Juste avant la fusion, en mars 1991, en F91, l’Alliance évoluait en promotion d’honneur, tandis que USD et Stade avaient de grandes difficultés à se maintenir en première division.
Le quotidien « Tageblatt » décrivait l’ambiance du jour du vote sur la fusion comme suit : « Alors que certains applaudissaient, un monde s’effondrait pour les autres. Pendant des années, ils avaient tout donné pour leur club, aligné leur vie sur celui-ci. Ils ont quitté très rapidement la salle pour sortir à l’air frais, inspirer profondément et essuyer leurs larmes sans honte. » Pour le recrutement des joueurs du F91, le critère d’appartenance à tel ou tel quartier ne comptait plus. Par la suite, les frontières urbaines et nationales non plus. Puis vint le succès : l’année du 100e anniversaire de la ville de Dudelange, son club de foot, le F91, remportait son sixième championnat (2000, 2001, 2002, 2005, 2006 et 2007) et sa troisième coupe nationale (2004, 2006 et 2007).
Librement adapté d’après « Centenaire Diddeleng 1907 – 2007 », comité de rédaction Alex Bodry, Lucien Bleu, Ady Christoffel, Germaine Goetzinger, Danielle Igniti, Antoinette Reuter, Robert Sibenaler et Marc Thiel. Editeur : Ville de Dudelange, 2007. Voir aussi : « Gooaaallll! 100 Joer Football zu Diddeleng » par Lucien Blau et Jules Ury. Editeur : F91 Dudelange, 2013.
Lucien Blau, “ Sozialgeschichte der Düdelinger Fußballvereine von früher und heute”, regionales Kulturzentrum “opderschmelz” (28.06.16)
Im März 1991 fusionierten die drei Düdelinger Fußballvereine Alliance, Stade und US Diddeleng zum F91 und beendeten so eine jahzehntelange Rivalität von „Quartiers“-Vereinen. Wie in vielen europäischen Ländern war der luxemburgische Fuball ein Kind der Industrialisierung und der anschließenden Urbanisierung und Einwanderung. Die Klubs nahmen eine wichtige Rolle bei der sozialen Kohäsion und lokalen Identifikation ein. Der Düdelinger Historiker und Autor Lucien Blau hat sich mit der sozialen Komponente des lokalen Fußballs beschäftigt und im Rahmen des Konferenzzykluses „Düdelinger Geschichten“ Wissenswertes und Anekdotisches aus einem Jahrhundert lokaler Fußbalgeschichte erzählt.
Dem Stahlunternehmen Arbed gehörte nicht nur der Arbeitsplatz und das Haus in der Arbeiterkolonie, sondern auch die meisten Fußballfelder, auf denen die Vereine ab 1912 dem runden Leder nachjagten. Der Großteil der Spieler waren Arbed-Arbeiter und -Beamte, darunter nicht wenige ausländischer Herkunft. Zu den nicht zahlenden Alliance-Fans zählten sonntags auch immer die Arbed-Arbeiter, die während der Mittagsschicht aus den Luken der Agglomerationshalle ihren Arbeitskollegen auf dem Spielfeld des „Stade Amadeo Barozzi“ zuschauten. Von der gegenüberliegenden Tribüne aus konnte man ihre gelben und blauen Helme erkennen. Auch die Alliance-Spieler der 1960er Jahre waren fast ausschließlich Arbed-Arbeiter. Jungs, die im „Quartier Italien“ aufgewachsen waren, meistens in der selben Strasse wohnten und deren Namen fast alle auf „i“ endeten. 1961 und 1962 schlug die Mannschaft Union Lëtzebuerg im Pokalfinale und schrieb somit Düdelinger Fußballgeschichte. Trotz hohen spielerischen Qualitäten verfehlte sie den Meistertitel der höchsten Spielklasse immer wieder, allerdings knapp. Die US Diddeleng spielte seit 1930 im Stade Jos Nosbaum, gelegen im „Quartier Schmelz“. Die Union Sportive war vor allem der Verein des luxemburgischen Arbed-Proletariats. Im Gegensatz zu den beiden anderen Klubs, war Stade ein von Arbed-Präsidenten und -Ingenieuren geführter und geprägter Verein.
Von der Straße zum Verein
Am Anfang des 20. Jahrhunderts enstanden durch das dynamische Wachstum so genannte Straßenklubs in den industriestädten. In Düdelingen, dessen Bevölkerung sich in der Zeitspanne von 1890 bis 1910 verdoppelt hatte, waren dies die Gallia, der Klub des Zentrums und des Arbed-Brill-Viertels, die Jeunesse de la Frontière, der Klub der „Schlakemiller“, der Verein Etoile Rouge, mit Jungen aus Gaffelt, Tattenberg und Kleinitalien, die Minerva, der Klub der oberen Deichstraße bis zum Schmelzviertel hinauf, sowie der Sporting-Klub, der von der Jugend aus der unteren Deich, welcher in der Bachstraße („Muselgaas“) gegründet wurde. Etwas später entstanden zudem der Football-club du Mont St. Jean (Budersberg), die Fineta, der Fußballkub der Turner, und die Flora, der Verein der „Lachergaasser“ (Zouftgenerstraße). Im Laufe der Jahren entwickelten sich die Straßenklubs weiter. 1912 gründeten die Mitglieder von Jeunesse de la Frontière und Minerva die Union Sportive Dudelange, dessen Spielfeld sich auf dem „Ginzebierg“ befand. 1930 zog man in das „Stade Municipal“ in der Nähe der Deicher Schule um. Das Stadion wurde 1955 in „Stade Jos Nosbaum“ umbenannt. Aus der Gallia, der nur eine kurze Lebensdauer beschieden war, enstand die Sparta, der erste im luxemburgischen Fußballverband eingeschriebene Fußballklub aus Düdelingen. An der ersten nationalen Fußballmeisterschaft (1909-10) nahm der Sparta als einziger der acht Düdelinger Vereine teil, und zwar in der höchsten Division.
1913 wurde aus der Sparta heraus der Cercle des Sports Le Stade gegründet, dessen erstes Fussballfeld im „Pullewee“ lag. 1919 trug die Mannschfat ihr erstes Spiel auf dem neuen Sportplatz („Terrain Goergen“, heutiges Schwimmbad) aus. 1916 wurde in „Kleinitalien“ der Cercle Sportif Alliance als Nachfolger der Etoile Rouge gegründet. Dessen Spielfeld befand sich auf dem „Kolschebierg“ und wurde von der Arbed zur Verfügung gestellt. Als diese 1933 dort mit dem Abbau von Eisenerz begann, wich man auf „in Langoicht“ aus. 1947 wiederholte sich dasselbe Szenario: Es wurde auf ein weiteres Arbed-Terrain ausgewichen, diesmal im Viertel Italien und umgeben von dem „Laangebiergbësch“ und dem Eingang in die Erzgrube. 1951 wurde das neue Spielfeld eingeweiht und später auf den Namen „Amadeo Barozzi“ umgetauft. Bis 1991 erlebten die drei Düdelinger Vereine ein lange Geschichte, mit zahlreichen Höhen und Tiefen. Die erfolgreichste Mannschaft war ganz klar die Stade, die zehnmal luxemburgischer Landesmeister und fünfmal Pokalsieger wurde. Der USD war vor dem Krieg häufig nur der zweite Platz in der obersten Spielklasse gegönnt. Während die drei Vereine zu verschiedenen Zeiten zusammen in der höchsten Spielklasse antraten, zeichnete sich in den 1980er Jahren, parallel zum Niedergang der Eisenindustrie, auch derjenige des Fussballs ab. Unmittelbar vor der Fusion zum F91 im März 1991 spielte Alliance in der Ehrenpromotion, während USD und Stade große Mühe hatten, sich in der 1. Division zu behaupten.
Das „Tageblatt“ beschrieb die Gemüter am Tag der Abstimmung zur Fusion folgendermaßen: „Während die einen jubelten, brach für andere eine Welt zusammen. Jahrelang hatten sie alles für ihren Verein gegeben, hatten ihr ganzes Leben danach ausgerichtet. Sie verließen sehr schnell den Saal, mussten hinaus an die frische Luft, einmal tief durchatmen und sich ohne Scham die Tränen aus den Augen wischen.“ Bei der Rekrutierung der Spieler des F91 entfielen die Viertelanzugehörigkeit und irgendwann auch die Stadt- und Landesgrenzen. Aus dem Stadtverein wurde Schritt für Schritt ein multikultureller Klub. Dann kam der Erfolg: Im Jahr des 100-jährigen Jubiläums der Stadt Düdelingen errang ihr Klub, der F91, seinen sechs Meisterschaftstitel (2000, 2001, 2002, 2005, 2006 und 2007) und sein drittes Landespokal (2004, 2006 und 2007).
Frei nach „Centenaire Diddeleng 1907 – 2007“, Redaktionskommitee Alex Bodry, Lucien Blau, Ady Christoffel, Germaine Goetzinger, Danielle Igniti, Antoinette Reuter, Robert Sibenaler und Marc Thiel. Verleger: Stadt Düdelingen, 2007. Siehe auch: „Gooaaallll! 100 Joer Football zu Diddeleng“ von Lucien Blau und Jules Ury. Verleger: F91 Dudelange, 2013.