Ce jeudi 25 avril 2019, plus de 150 personnes se sont donné rendez-vous au centre culturel opderschmelz pour assister aux premières Assises du commerce, un événement organisé par la Ville de Dudelange, en collaboration avec la clc (Confédération luxembourgeois du commerce) et la FCAD (Fédération des Artisans et des Commerçants de la Ville de Dudelange).
C’est Dan Biancalanaqui a officiellement ouvert cette première édition des Assises, insistant sur le fait qu’il faisait du commerce l’une des priorités pour sa ville : « la rue est le cordon ombilical qui relie l’individu à la société. Les commerces qui y sont présents sont d’une extrême importance, ils amènent non seulement du dynamisme, mais aussi une dimension sociale et humaine au cœur d’un centre-ville ». Après avoir mentionné les différentes initiatives mises en place par sa localité – les travaux de transformation de l’avenue Grande-Duchesse Charlotte en shared space, l’embauche d’un city manager, la sous-location de surfaces commerciales – , Dan Biancalana a conclu son intervention par un clin d’œil : « il y a 20 ans, le collège échevinal en place avait organisé des Assises du commerce. Pour notre part, nous n’attendrons pas autant de temps avant d’organiser une seconde édition ».
Nicolas Henckes, directeur de la clc, a ensuite pris la parole et s’est appuyé sur des études menées par le Statec et la Fédération des Artisans pour mentionner que de nombreuses entreprises ne faisaient actuellement plus de bénéfices. Sa solution, pour inverser la tendance ? Proposer de nouveaux services, à l’instar de la livraison à domicile, revoir les horaires d’ouverture des commerces, mais aussi miser sur le digital, qui permet une communication beaucoup plus ciblée. Nicolas Henckes a également mentionné la plateforme LetzShop, qui offre la possibilité aux commerces luxembourgeois de bénéficier d’une vitrine en ligne, et a invité chacun d’entre eux à se servir d’un tel outil.
Comprendre et influencer l’attractivité commerciale des communes
Claude Bizjak, membre de la direction au sein de la clc, a quant à lui dévoilé le « cadastre du commerce », un outil permettant d’offrir une vision précise du paysage commercial au Luxembourg. Réalisé à l’échelle nationale, il comporte pour l’instant 7.600 lignes détaillant autant de commerces dans les moindres détails : superficie, horaire d’ouverture, branche d’activité, modèle commercial, etc. « Le cadastre du commerce est une étape clé de l’initiative Pakt PRO Commerce. Cette base de données, qui sera régulièrement mise à jour, permettra de dégager des tendances et d’accompagner de manière intelligente le développement du commerce de détail à l’échelle d’une ville ou d’une région » a expliqué Claude Bizjak. Ce dernier a également indiqué qu’un rapport d’analyse serait dévoilé dans les prochaines semaines, et que l’outil serait, à terme, disponible pour les communes et les entreprises.
La baisse de trafic en magasin doit être la priorité des villes et des communes
Pour conclure cette matinée, divers acteurs du commerces se sont réunis autour d’une table ronde pour échanger sur les enjeux du commerce. Étaient présents, Alain Clément(président de la FCAD et opticien à Dudelange), Gilbert Brosius(directeur de Calliste, enseigne de mode luxembourgeois), Philippe Cousin(directeur du Groupe Cousin) et Yo Raymaekers(Retail Manager Benelux pour L’Occitane).
Pour Alain Clément, il est essentiel que chaque commerçant se réinvente quotidiennement : « à l’époque, on pouvait se permettre de reprendre un commerce et de ne rien changer. Ce n’est désormais plus le cas, il faut investir, rénover, s’adapter aux développements technologiques pour être et rester à la pointe du progrès ». Un avis partagé par Yo Raymaekers, qui a ajouté que les notions de plaisir et d’expérience étaient primordiales en magasin : « les comportements des clients changent, et nous devons impérativement nous adapter ».
Concernant les horaires des magasins (doivent-ils fermer plus tard ?), les différents intervenants ont partagé leur point de vue. Pour Gilbert Brosius, il est important de réaliser une phase test avant de prendre toute décision hâtive. Pour se justifier, il a ainsi donné cet exemple : « Calliste possède deux magasins à Diekirch, l’un pour hommes et l’autre pour dames. Nous avons choisi de les ouvrir tous les deux sur le temps de midi. Au final, nous avons conservé cet horaire pour la boutique de prêt-à-porter féminin, mais pas pour celle destinée aux hommes, puisqu’on s’est rendu compte qu’ils n’effectuaient pas leur shopping entre 12h et 14h ». Selon Alain Clément, adapter les horaires d’un commerce est une chose, mais reste à voir si cela vaut le coup : « A Dudelange, les commerces sont nombreux à avoir un ou deux employés qui travaillent déjà 40 heures par semaine. S’il faut ouvrir entre midi ou après 18h, cela nécessite l’embauche d’une autre personne à mi-temps. Mais avant de le faire, il faut calculer si cela est rentable, ce dont je ne suis pas certain ». Philippe Cousin a, pour sa part, un avis tranché sur la question : « imposer des heures d’ouverture n’est pas, selon moi, la solution. En revanche, les informations sur les horaires d’ouverture doivent absolument être présentes sur Google. J’estime qu’un client sera d’accord de se rendre dans l’un de mes commerces après 9h30 s’il est indiqué qu’il n’ouvre pas avant. En revanche, cela risque de le frustrer s’il n’a pas l’information et qu’il trouve porte close à 9h, en pensant que c’est déjà ouvert ».
Philipe Cousin s’est également enthousiasmé de l’initiative mise en place par Dudelange concernant la tenue des premières Assises nationales du commerce : « la Ville nous offre à tous un bel outil. Ceci étant, c’est à nous, commerçants, de ne pas nous reposer sur nos acquis et de proposer, notamment, des produits qu’on ne trouve qu’en centre-ville ». Il a poursuivi son intervention, indiquant que, dans son cas personnel, il avait réduit le nombre de marques présentes dans ses magasins : « en revanche, nous avons augmenté le nombre de modèles par marque, afin de pouvoir rivaliser avec le choix énorme disponible sur le net. Nous proposons également de nouveaux services, telles que la livraison à domicile ».
Pour Alain Clément, il est évident que les autorités communales doivent prendre des initiatives, tout comme les commerçants, afin, notamment, de contrer les grands groupes : « les chaînes de magasins nous mettent de plus en plus la pression. Me concernant, j’ai fait le choix de ne pas opérer les mêmes choix qu’elles. Pour me différencier, j’ai choisi de travailler avec des marques françaises et allemandes, moins connues, mais qui proposent des produits d’excellente qualité. En toute honnêteté, je pense que les clients apprécient ma démarche, ce qui est très satisfaisant ».
L’événement s’est clôturé par un networking cocktail, qui a permis aux participants de poursuivre leurs échanges autour de l’avenir des commerces de proximité.
Découvrez les présentations des différents intervenants présents
Cadastre du Commerce – Claude Bizjak (Membre de la direction au sein de la clc)