19 mai 2019. Une semaine après être devenue championne du Luxembourg, toute l’équipe du F91 est fêtée comme il se doit dans son arène, le stade Jos Nosbaum. Ce titre intervient au bout d’une saison complètement folle, marquée par une entame de championnat compliquée, mais surtout traversée par de multiples émotions. Ceux dont nous avons croisé la route s’accordent à le dire : ils ont vécu l’un des plus beaux moments de leur vie.
Au coup de sifflet final, les joueurs et le staff du club local sont acclamés avec force par les supporters présents dans le stade. Tout au long de la saison, même si les tribunes n’ont pas toujours été remplies, leur ferveur et leur soutien ont indéniablement fait d’eux le douzième homme du terrain.
Car que serait un club sans supporters ? Un club sans âme peut-être. Le F91 a la chance de pouvoir compter sur un noyau dur. Des fans de la première heure. Des « vieux de la vieille » comme on pourrait les appeler. Parmi les fidèles disciples du club, Marco Tomasini et Roger Schartz. A eux deux, des matchs, ils en ont vécu des centaines. Pures Dudelangeois, ils sont tombés dans la marmite quand ils étaient petits, bien avant qu’on parle de F91 et de fusion.
Parmi les joueurs présents dans l’effectif local, notre duo a pris pour habitude de supporter Tom Schnell, le flamboyant défenseur de l’équipe. Débarqué à Dudelange il y a 5 ans, lui aussi a le football dans la peau, côté terrain évidement. Ballon aux pieds depuis son enfance – de cette époque il a d’ailleurs gardé ses premiers crampons, usés jusqu’à la semelle – Tom, a presque 34 ans, conserve la passion des débuts. Sa détermination et sa rage de vaincre, ont fait de lui un acteur incontournable du terrain. Un terrain qui lui a tant apporté, à lui et ses coéquipiers, en cette saison qui vient de s’achever.
Le petit poucet à la conquête de l’Europe
En plein cœur de l’été 2018, alors que les aoûtiens profitent d’un farniente bien mérité, Marco Tomasini et Roger Schwartz entament, sans le savoir, leur « tour d’Europe ». Première destination, Varsovie. C’est là que les jalons de ce qu’ils nomment « un rêve éveillé » sont posés. Uniques supporters luxembourgeois à avoir fait le déplacement pour assister au match, ils ont même la chance de parcourir les quelques kilomètres qui séparent l’hôtel du stade en bus, avec les joueurs Dudelangeois. 90 minutes plus tard, ils exultent, à l’instar de l’effectif du F91. Victorieux 1-2 face au champion polonais du Legia, tous n’ont en tête qu’une seule chose : conserver cet avantage lors du match retour et accéder au tour suivant. Chose qu’ils feront moins de deux semaines plus tard.
Autre pays, autre club. A une marche de la phase finale de l’Europa League, c’est la Transylvanie et le club roumain de Cluj qui se dressent sur le chemin du club luxembourgeois. Dans ce pays où Dracula fait office de star nationale, tous les espoirs sont permis. Victorieux 2-0 à l’aller, le graal n’est plus très loin. Roger et Marco sont fidèles au poste. Comme pour les 4 autres supporters présents, le déplacement valait le détour. Le F91 entre dans l’Histoire du football luxembourgeois en assommant les Roumains sur leur terrain. Euphorie, cris de joie, accolades, larmes. Tous sont passés par l’ensemble de ces émotions en cette soirée du 30 août. Un moment, un souvenir unique et précieux, que personne ne pourra jamais leur enlever.
Le billet validé pour la phase de poules, reste à voir quels seront les 3 adversaires à affronter. Du côté des joueurs et des supporters, pas de fébrilité. Tout ce qui arrive désormais est du bonus. Le mieux serait même de « pêcher » de gros poissons. Un souhait exaucé : le Betis Séville, l’Olympiakos et l’AC Milan sont au rendez-vous.
La suite est connue. Au terme de 6 journées, le F91 est éliminé. Mais loin, très loin même, d’avoir été ridicule. Au contraire, il a même impressionné. En cette froide soirée du 13 décembre, l’équipe est même parvenue à conserver un score vierge face aux Sévillans. A quelques jours de Noël, ce match nul, à l’instar de cette campagne européenne, a un goût de cadeau avant l’heure.
Quelques mois après ce dernier match européen, Marco, Roger et Tom ont toujours les yeux qui pétillent lorsqu’on aborde avec eux cette fantastique épopée continentale. En cette douce journée du mois de mai 2019, les faire replonger dans ces émotions, cette aventure, nous donne des frissons.
Dans 10, dans 20, dans 30 ans, ils pourront se targuer d’avoir vécu au plus près cette page exceptionnelle du sport luxembourgeois. L’équipe du F91 a réussi à situer le pays sur la carte du football européen, mais aussi à mobiliser derrière elle des milliers de supporters. Tournés vers l’avenir, tous ne pensent déjà plus qu’à une chose : toucher de nouveau, un jour peut-être, ce rêve qui, pourtant, il y a un an à peine, leur paraissait encore tellement inaccessible.
Depuis la réalisation de notre article, le F91 Diddeleng n’a pas chômé… Pour clôturer cette saison déjà sublime, il est devenu Vainqueur de la Coupe de Luxembourg. Un trophée de plus, donc, à ajouter à la collection.